3 juin : nos défauts, sources de bénédiction

Voici un chapitre du livre d’Anselm Grün :
« Vous êtes une bénédiction »  Ed Salvator 2006, qui s’intitule
La bénédiction nocturne de Jacob.
Récit que l’on cite souvent comme « Le combat de Jacob »

« La Bible raconte un épisode étrange, celui de la bénédiction que Jacob reçoit d’un homme avec qui il a lutté toute la nuit. Alors qu’il était jeune, Jacob avait usurpé la bénédiction qui revenait à son frère aîné, Esaü, suscitant ainsi la colère de ce dernier. La bénédiction apparaît ici comme quelque chose de tangible, quelque chose qu’il n’est pas possible de donner deux fois. Jacob, recevant la bénédiction du premier-né, prend l’avantage sur son frère.

Je ne te laisserai pas partir,
que tu ne m’aies béni

Tout semble réussir à Jacob. Il revient chez lui au milieu de nombreuses richesses, entouré de ses deux femmes et de nombreux enfants. On lui annonce qu’Esaü vient à sa rencontre. Jacob prend peur. Esaü symbolise l’ombre de Jacob. Et Jacob doit affronter son ombre afin que sa vie devienne vraiment une bénédiction. C’est ce que la Bible nous donne à découvrir dans l’épisode de la lutte de Jacob avec un homme que l’on présentera comme un ange envoyé par Dieu. Le combat dure toute la nuit sans qu’aucun ne remporte la victoire.

Au lever du jour, l’homme demande à Jacob de le lâcher. Jacob réplique : « Je ne te laisserai pas partir, que tu ne m’aies béni » (Genèse 32, 27). Jacob se bat pour une bénédiction, montrant par là que la bénédiction de Dieu est pour lui une question de vie ou de mort. Dieu bénit lui-même Jacob et lui attribue un nouveau nom : « On ne t’appellera plus du nom de Jacob [le trompeur], mais Israël, car tu as lutté avec Dieu » (Genèse 32, 29).

rencontrer l’ombre

Que ce qui présente un danger pour moi et me fait obstacle soit une bénédiction est un paradoxe. Dieu n’apparaît pas à Jacob comme celui qui veut le bénir, mais comme celui qui le remet en question, qui se met en travers de son chemin. D’un point de vue psychologique, il s’agit là de la rencontre de l’ombre. Avant que Jacob puisse se réconcilier avec Esaü, son frère, il doit d’abord rencontrer l’ombre dont il est porteur, le côté trompeur, faux et mensonger de sa propre vie. Et c’est justement la rencontre avec cette ombre qui devient bénédiction. La vie de Jacob en est renouvelée, non seulement il se réconcilie avec Esaü mais il deviendra aussi un patriarche d’Israël.

Nous nous imaginons que nous recevons la bénédiction de Dieu lorsque tout nous réussit, mais l’épisode de Jacob nous montre que nous trouvons cette bénédiction au moment où nous n’en pouvons plus, où nous nous trouvons face à nous-mêmes dans la douleur, face à notre mensonge, à notre refus devant la vie, à notre égoïsme sans bornes. Lorsque nous nous acceptons tels que nous sommes,  même nos défauts deviennent source de bénédiction. Dieu ne bénit pas la perfection mais l’imperfection, pas ce qui est entier mais ce qui est déchiré. Par la bénédiction, le rameau coupé refleurit et la nuit laisse la place au jour.

Dieu te bénit

Dieu te bénit même là où tu te sens en échec, où tu souffres de tes faiblesses, où tu te sens pris-e dans l’obscurité. Ne renonce pas, même si tout te paraît sans issue, même si tu es fatigué-e du combat et préfèrerais l’abandonner. Comme Jacob qui s’entête dans ce combat nocturne, dis : »Je ne te laisserai pas partir, que tu ne m’aies béni-e. »

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