Bénir

Mieux connaître son origine

Le p Michel Remaud est un prêtre catholique, docteur en théologie. Il dirige à Jérusalem l’institut Albert-Decourtray (Institut chrétien d’études juives et de littérature hébraïque. Il invite les chrétiens à mieux connaître leurs propres origines et le peuple au sein duquel, d’abord, a été prêché l’Evangile. A mieux connaître la source biblique de la foi chrétienne.

Bénir cent fois par jour

On lit dans le Talmud : « Quiconque jouit de ce monde sans bénir, c’est comme s’il volait le Saint, béni soit-il ! » Dans sa concision, cette formule exprime un des axes essentiels de la vie du croyant. Un des plus grands sages de l’antiquité juive disait qu’on devrait bénir Dieu au moins cent fois par jour. Bénir, c’est, pour le croyant, reconnaître que sa propre existence est un don de Dieu, que tout ce qui entretient la vie et lui donne sens vient de lui et que son initiative nous précède toujours.

Bénir en demandant

La bénédiction, dont les premières expressions se trouvent dans la Bible elle-même, est l’élément essentiel de la prière juive, liturgique et privée. Elle s’exprime par des formules qui commencent généralement par les mots : « Béni es-tu, Seigneur notre Dieu, roi de l’univers, qui … » ou, plus brièvement par : « Béni es- tu, Seigneur, qui … ». Même la prière de demande, lorsqu’elle est formulée, est toujours accompagnée de la bénédiction, qui la conclut toujours. La demande s’appuie sur la reconnaissance de ce qui est déjà donné. On ne doit pas demander sans reconnaître ce qu’on a déjà reçu.

Béni soit le Seigneur …

Cette forme de prière est répandue dans tout le Nouveau Testament. Le cantique que chante Zacharie, après la naissance de Jean le Baptiste, commence par les mots : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple. » Plusieurs épîtres commencent par les mêmes formules (2 Co 1, 3 ; Ep 1, 3 ; 1P 1, 3. Saint Paul souligne dans ses épîtres cette nécessité de bénir en tout temps et en toutes circonstances (Ep 5, 20 … etc). Pratiquer la bénédiction, c’est s’habituer à ouvrir les yeux sur ce que nous recevons avant de demander ce qui nous manque.

On peut regretter que notre prière liturgique s’exprime plutôt sur le mode de la demande, et que nos oraisons commencent généralement par des formules comme « Accorde-nous, Seigneur … », « Nous te le demandons, Seigneur … », « Prête l’oreille à nos prières … ». La réforme liturgique consécutive au dernier concile a introduit à l’offertoire, pour l’offrande du pain et du vin, deux formules qui viennent tout droit de la prière juive avent les repas ( « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain … Toi qui nous donne ce vin … »). Cette innovation est heureuse, et la préface qui suit donne le ton à ce qui est fondamentalement une bénédiction : l’eucharistie.

Michel Remaud Paroles d’Evangile, paroles d’Israël Ed Parole et silence

 

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