Jean Vanier : La fête

Au cœur de la communauté, il y a le pardon et la fête. Ce sont les deux faces d’une même réalité, celle de l’amour. La fête est une expérience commune de joie, un chant d’action de grâces. On célèbre le fait d’être ensemble et on rend grâce du don qui nous a été fait. Elle nourrit les cœurs, redonne l’espérance et une force pour vivre les souffrances et les difficultés de la vie quotidienne. […]

La fête, humaine et divine

La fête exprime et rend présente d’une façon tangible la finalité de la communauté. Elle est par là un élément essentiel de la vie communautaire.  Les irritations nées du quotidien sont balayées ; on oublie les petites querelles. L’aspect extatique (l’extase c’est sortir de soi-même) de la fête unifie les cœurs ; un courant de vie passe. C’est un moment d’émerveillement où la joie du corps et des sens est liée à la joie de l’esprit. C’est le moment le plus humain et aussi le plus divin de la vie communautaire. La liturgie de la fête harmonisant la musique, la danse, les chants, avec la lumière, les fruits et fleurs de la terre, est un moment où on communie avec Dieu et entre nous à travers la prière, l’action de grâces, mais aussi à travers la bonne nourriture.

La fête, rappel de Sa présence

Et plus le quotidien est dur, fastidieux, plus les cœurs ont besoin de ces moments de célébration et d’émerveillement. Ils ont besoin de ces temps où tous se rassemblent, rendent grâce, chantent, dansent et où il y a des repas spéciaux. Chaque communauté, comme chaque peuple a sa liturgie de fête. […] La fête est un temps d’action de grâces où on remercie Dieu pour un événement historique où sa puissance aimante s’est manifestée à l’égard de l’humanité, du peuple ou de la communauté ; elle est aussi le rappel qu’il est toujours là, présent, veillant sur son peuple et sur la communauté comme un Père qui aime ses enfants. La fête est la célébration non seulement d’une action passée mais d’une réalité présente.

La  Pâque

Pour le peuple juif, la Pâque est la grande fête qui rappelle le moment où l’ange de Yahweh est passé ; où Dieu a libéré son peuple. Ce peuple rend grâce à Yahweh qui continue à être son guide, son pasteur, son protecteur et son Père qui l’aime.

Chaque communauté doit savoir célébrer ses anniversaires selon son histoire et ses traditions ; l’anniversaire du moment où Dieu a suscité la fondation de la communauté ou d’un événement particulier où la main de Dieu l’a protégée avec évidence. On remercie Dieu, on fête ses bienfaits. C’est un moment d’histoire qui nous fait redécouvrir que c’est Lui qui nous a appelés à vivre ensemble, qu’il nous guide et nous conduit pour œuvrer pour le Royaume. […]

Le Pauvre

Au cœur de la fête, il y a le pauvre. Si on exclut les plus petits, ce n’est plus la fête. Il s’agit de trouver des danses et des jeux où les plus pauvres dans la communauté, les enfants et les vieillards, tous les plus faibles, puissent participer. La fête doit toujours être la fête des pauvres. […]

Les Noces

Une des grandes fêtes humaines est justement celle des noces. C’est un temps où le religieux et l’humain s’entremêlent dans la joie, où le plus divin semble rencontrer le plus humain : « Le royaume des cieux est comme un repas de noces … » La fête est signe de la fête éternelle et chaque petite fête dans nos communautés doit être comme un signe de cette fête du ciel.

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