Magnificat : commentaire de Martin Luther

Cantique du magnificat (Lc 1)

47Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

48Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

49Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !

50Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent;

51Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.

52Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.

53Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.

54Il relève Israël, son serviteur,
il se souvient de son amour,

55de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

Commentaire de Luther :

« Dieu a fait en Marie de grandes choses. Mais la plus grande, nous dit la Vierge elle-même, c’est qu’il ait jeté les yeux sur elle, car tout dépend et découle de cette grâce initiale. En effet, quand Dieu se penche sur une âme et jette les yeux sur elle,, c’est pour la sauver par pure bonté, et de ce premier bienfait dériveront tous les autres.. Dans la Genèse en 4, 4-5, nous voyons que Dieu ‘regarda Abel et son offrande’ tandis qu »il ne regarda pas Caïn et son offrande’.

Le regard de Dieu posé sur Marie

D’où les nombreux passages où le Psalmiste demande à Dieu qu’il tourne vers nous son visage, qu’il ne le cache pas, qu’il le fasse briller sur nous, et d’autres prières semblables. Marie montre bien que, pour elle aussi, ce regard de Dieu posé sur sa créature, est la chose la plus importante qui puisse se concevoir. Ne dit-elle pas en effet : ‘Parce que le Seigneur a jeté les yeux su la bassesse de sa servante, voici que désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse’ ?

Voilà qui nous indique la meilleure façon d’honorer Marie et de se montrer ses fidèles serviteurs. Nous inspirant des paroles du Magnificat, disons-lui notre admiration : ‘O Marie, bienheureuse Vierge et Mère de Dieu, dans quel degré d’abaissement et de mépris n’as-tu pas vécu ; et cependant, le Seigneur a jeté sur toi un regard si plein de bienveillance ! Il a fait pour toi de si grandes choses ! Tu n’en étais nullement digne et la grâce de Dieu en toi est si riche et si surabondante, surpassant, ô combien, tes propres mérites ! Bienheureuse es-tu dès cet instant et pour toute l’éternité, car tu as rencontré Dieu.’

Le regard de Dieu posé sur nous

Rien ne saurait plaire à Marie comme d’aller ainsi par elle à Dieu, comme d’apprendre par son exemple la confiance et l’espoir … même si nous devions connaître le mépris et l’humiliation, soit dans la vie, soit dans la mort. Ce qu’elle veut, ce n’est pas que nous allions à elle, mais que, par elle, nous allions à Dieu.

Elle devrait et voudrait apparaître à tous comme une preuve vivante de la bonté de Dieu. Son plus cher désir est d’inciter les âmes à aimer Dieu, à le louer, à s’abandonner à sa Providence. Toutes les âmes devraient pouvoir dire avec confiance : ‘Vierge sainte, Mère de Dieu, comme il est consolant pour nous de voir que, par pure bonté, Dieu a jeté les yeux sur ton humble condition et ton néant ! Tu nous permets d’espérer que Dieu nous traitera un peu comme toi-même et que, malgré notre misère et notre indignité, il jettera sur nous aussi un regard bienveillant.

Martin Luther

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